Cette semaine, je suis heureuse de partager avec vous une version à 4 violoncelles du Choral Komm, süßer Tod de Bach.

📜 Une œuvre méconnue mais poignante

Komm, süßer Tod (« Viens, douce mort ») a été composé vers 1736 par Johann Sebastian Bach, alors qu’il était à Leipzig. L’œuvre figure dans le Musicalisches Gesang-Buch, un recueil d’airs spirituels compilé par Georg Christian Schemelli.

Bach y a contribué en harmonisant une quarantaine de mélodies, dont certaines lui sont attribuées.

Le texte de Komm, süßer Tod a été écrit par Johann Franck (1618–1677), un poète et homme politique allemand du XVIIe siècle, connu pour ses textes religieux. Ce poème figurait déjà dans les recueils de cantiques luthériens bien avant l’époque de Bach.

Bach a donc mis en musique un texte préexistant en l’intégrant au Musicalisches Gesang-Buch de Schemelli. Ce poème spirituel qui parle de la mort non comme d’une fin tragique, mais comme d’un repos bienvenue. Bach en propose une lecture sobre, poignante, sans emphase.

Texte original (allemand)

Komm, süßer Tod, komm, selge Ruh!

Komm führe mich in Friede,

weil ich der Welt bin müde,

ach komm! ich wart auf dich,

komm bald und führe mich,

drück mir die Augen zu!

Komm, selge Ruh!

Traduction française

Viens, douce mort, viens, bienheureux repos !

Viens, conduis-moi dans la paix,

car je suis las du monde.

Ah viens ! je t’attends,

viens vite et emmène-moi,

ferme doucement mes yeux !

Viens, bienheureux repos !

🎻 Bach – Komm, süßer Tod, version pour quatre violoncelles

Pour cette version, j’ai choisi un arrangement pour quatre violoncelles : une formation qui permet à la richesse harmonique de l’œuvre de vraiment s’épanouir.

Chaque ligne trouve sa place, entre soutien, tension et respiration. L’idée n’était pas de faire “plus”, mais d’explorer autrement la profondeur de cette musique. Le choix du quatuor de violoncelles permet une texture chaude, enveloppante, presque vocale — comme un chœur intérieur.

Voir la vidéo Bach – Komm, süßer Tod : 4 Cellos

🎼 Bach, l’intime et l’universel

Ce qui me bouleverse toujours chez Bach, c’est cette capacité à dire l’indicible. À donner une forme musicale à l’angoisse, à la paix, à la foi, à la joie. Il ne juge jamais. Il tend la main.

Même dans ses œuvres les plus spirituelles, Bach ne cherche pas à imposer un message : il propose une expérience. On entre dans sa musique comme dans un lieu sacré. Il suffit d’écouter. Ou de jouer.

🎶 Un choix d’arrangement : quatre voix comme un chœur intérieur

Dans cet arrangement, il n’y a pas de premier rôle. Chaque voix a son moment de clarté, de soutien, d’effacement. On pourrait presque parler d’un quatuor intérieur : les quatre violoncelles ne se répondent pas frontalement, ils se portent. Ils murmurent ensemble. Ils incarnent cette force douce qui continue de vibrer même quand tout s’est arrêté.

Avec cette cover, j’espère avoir rendu hommage à cette tendresse retenue.

Je vous invite à (re)découvrir mes autres covers de Bach :

► Bach – Prelude, Cello Suite No 1 in G Major BWV 1007 | Jeanne Dorche : https://www.youtube.com/watch?v=uFbDfXeaWZE

► Bach – Prelude, Cello Suite No 2 in D minor BWV 1008 [Clip] : https://www.youtube.com/watch?v=U1QKcAbE_5E

► Bach – Courante, Cello Suite No 1 in G Major BWV 1007 : https://www.youtube.com/watch?v=oSUifQbtCvw

► Bach – Sarabande, Cello Suite No 2 in D minor BWV 1008 : https://www.youtube.com/watch?v=pxE0mvXM3t0

A bientôt pour de nouvelles covers,

Jeanne