Je suis très heureuse de vous partager un entretien que j’ai réalisé avec le violoncelliste, comédien, chanteur, acrobate (si, si !) et créateur de spectacles Laurent Cirade.

Si vous avez déjà vu Le Quatuor ou Duel, vous avez forcément ri, été bluffés, émus ou stupéfaits, souvent tout à la fois. Dans cette discussion, pleine d’anecdotes et de confidences, Laurent revient sur son parcours, ses rencontres , ses échecs, ses révélations, ses accidents de scène (un vol du bourdon… !) et sa passion pour la transmission.

Une révélation : le son du violoncelle

Laurent découvre le violoncelle un peu par hasard, après une expérience traumatisante au piano. C’est chez une amie qu’il tombe amoureux du son : « Je suis tombé amoureux du violoncelle immédiatement. C’était physique, viscéral. Je voulais faire sonner ces cordes. »

Il commence les cours avec une professeure qu’il décrit comme une seconde mère. La musique devient alors une vocation.

Laurent ne rentrera ni au CNSM de Paris, ni à celui de Lyon, malgré un niveau solide. « Il me manquait un truc : j’avais pas envie. Je n’étais pas heureux dans ce moule-là. »

Un jour, une phrase de Cocteau fait tilt : “Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi.” C’est le début d’un changement de cap. « On me reprochait d’en faire trop, d’être trop expressif… et c’est ça, au fond, qui me définissait. »

L’appel de la scène : le Quatuor

Tout bascule lorsqu’il découvre par hasard que le Quatuor cherche un violoncelliste. Il envoie une lettre pleine d’humour, passe une audition mémorable (où il chante Brassens en s’accompagnant au violoncelle), et intègre l’ensemble.

Avec eux, il apprend la scène, le rythme comique, la dynamique du groupe et il découvre aussi le pouvoir de la voix ainsi que la puissance du visuel sur scène.

Le Quatuor décroche un Molière, puis un deuxième, et une Victoire de la musique. Ils deviennent une référence de l’humour musical en France.

Mais après des années de succès, Laurent quitte le groupe en 2000, pour raisons personnelles et artistiques.

L’aventure Duel : humour, virtuosité et créativité

Installé un temps à New York, il expérimente un nouveau duo, qui deviendra Duel avec le pianiste Paul Staïku. Ensemble, ils créent deux spectacles qu’ils jouent pendant 16 ans, dans plus de 40 pays.

Avec Duel, il pousse encore plus loin le mélange entre musique, théâtre et visuel. Il apprend à chanter sérieusement, à écrire ses propres sketches, à mettre en scène les situations les plus inattendues… jusqu’à jouer suspendu à un câble pour incarner un bourdon en vol !

Créer un spectacle, c’est aussi se tromper. « Il y a des fausses bonnes idées. Et des trucs qui ne marchent pas du tout… sauf un détail. Et ce détail devient un sketch. » Parmi ses souvenirs les plus fous : une scène avec un rat en pleine lumière, un accident en plein vol du bourdon, ou un sketch sur le fascisme mal perçu en Russie…

Transmettre : une nouvelle passion

Depuis la pandémie, Laurent enseigne le violoncelle dans deux conservatoires. Il découvre une passion tardive pour la pédagogie et regrette de ne pas avoir commencé plus tôt.

Il accompagne aussi des jeunes groupes comme le Quatuor Léonis dans la création scénique et envisage de lancer des formations pour aider les musiciens à créer leur propre spectacle.

À la fin de l’entretien, Laurent partage ce qui l’anime toujours : créer, transmettre, faire rire, toucher. Et surtout, faire de l’humour… avec élégance.

Car s’il y a une chose que cette rencontre m’a rappelée, c’est que l’exigence artistique n’est jamais incompatible avec le plaisir de la scène. Bien au contraire.

Liens

• DUEL – Laurent Cirade (Cello) & Paul Staïcu (Piano) – « DJ 4 Hands » : https://www.youtube.com/watch?v=yUpsv0PKIb0

• Interview de Laurent Cirade et Paul Staïcu – Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=5jsbVtnNYkY

Merci encore, Laurent, pour ce moment inoubliable.

Et vous, qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans son parcours ? Partagez vos impressions en commentaires