Le Pernambouc : un trésor au cœur de nos archets
Le Pernambouc : un trésor au cœur de nos archets
Aujourd’hui, nous abordons un sujet très important pour bien des musiciens : le bois de Pernambouc, matière première utilisée pour fabriquer les archets modernes de violoncelle, de violon et d’alto.
Pour en parler, j’ai invité sur ma chaîne YouTube Clémence de Lartigue, archetière passionnée, qui nous éclaire sur la richesse de ce matériau et les enjeux environnementaux qui l’entourent.
Un métier artisanal rare et précieux
L’archèterie artisanale est un univers très intime, presque confidentiel.
Comme le rappelle Clémence, « notre capacité de production représente un ou deux archets par mois ». Chaque pièce est donc le fruit d’un travail minutieux,
transmis de génération en génération.
Des matériaux simples, un morceau de bois et des crins de cheval, naît un objet d’une perfection technique incroyable, affiné au fil des siècles. L’archet moderne, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est l’héritier de siècles de recherche et d’innovation, notamment grâce à la célèbre famille Tourte au XVIIIᵉ siècle.
🌱 Un impact écologique très faible
Contrairement à l’industrie, l’archèterie artisanale utilise très peu de bois et fonctionne avec une empreinte écologique minime :
– Les quantités de matière sont infimes.
– Le bois provient d’une ressource renouvelable.
– Le travail repose surtout sur des gestes traditionnels et des outils séculaires.
« Nos outils datent parfois du XVIIᵉ siècle et n’ont pas changé », précise Clémence. Ce savoir-faire manuel s’inscrit donc dans une démarche durable et respectueuse de l’environnement.
Pourquoi seul le Pernambouc convient aux archets modernes ?
La question se pose souvent : pourquoi ne pas utiliser d’autres bois, comme le robinier ou l’amourette ?
La réponse est à la fois historique, musicale et matérielle.
Au XVIIIᵉ siècle, les archetiers français ont cherché, en collaboration avec les musiciens, le bois idéal pour répondre aux nouvelles exigences des salles de concert et des cordes métalliques.
Le Pernambouc s’est révélé parfait grâce à :
– ses fibres longues qui offrent souplesse et réactivité,
– sa densité idéale pour la projection sonore,
– et surtout, une palette sonore d’une subtilité incomparable.
Chaque baguette est unique : la lumière, la couleur, le comportement du bois varient, donnant à chaque archet sa « personnalité » propre. Comme le dit joliment Clémence :
« C’est vraiment comme la baguette d’Harry Potter : chaque archet trouve son musicien. »
Un bois endémique et symbolique du Brésil
Le Pernambouc est un bois endémique de la Mata Atlântica, une forêt tropicale du littoral brésilien. C’est d’ailleurs de ce bois que le Brésil tire son nom historique (Pau Brasil, bois de braise).
Malheureusement, cette forêt a été considérablement réduite au fil des siècles par l’urbanisation et la colonisation, notamment à cause de l’exploitation du bois pour la teinture.
Aujourd’hui, le Pernambouc n’est plus utilisé que pour la fabrication des archets.
Les archetiers participent activement à la préservation de l’espèce : plus de 340 000 arbres ont été replantés grâce à des programmes d’agroforesterie et de recherche scientifique menés sur place.
📜 Une réglementation en évolution : un enjeu vital
Le commerce et l’utilisation du Pernambouc sont encadrés par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces menacées).
Actuellement, le bois figure en Annexe II, ce qui impose déjà des règles strictes et une traçabilité rigoureuse, acceptées et respectées par la profession.
Mais le Brésil souhaite faire passer le Pernambouc en Annexe I, ce qui reviendrait à l’assimiler à une espèce en danger critique.
Concrètement, cela impliquerait pour les musiciens et les artisans :
– de remplir une grande quantité de documents administratifs,
– de demander des permis à chaque déplacement d’archet à travers les frontières,
– et d’alourdir considérablement les démarches pour la fabrication, la réparation ou la vente.
Ce changement risquerait de paralyser toute la filière, sans pour autant mieux protéger l’espèce.
« Plutôt que de concentrer notre énergie sur la plantation et la préservation, on la disperserait dans la paperasse », explique Clémence.
✍️ Une mobilisation urgente
Pour éviter ce passage en Annexe I, une pétition internationale a été mise en place.
et partager l’information, c’est soutenir :
– la préservation durable de la Mata Atlântica,
– la continuité d’un savoir-faire artisanal unique au monde,
– et la liberté pour les musiciens de continuer à faire vivre leurs instruments.
Et cliquez ici pour adhérer à l’association IPCI France-Europe (l’Initiative Internationale pour la Conservation du Pernambouc)
Le bois de Pernambouc n’est pas qu’une matière première. C’est un héritage culturel, sonore et artisanal.
Protéger cet arbre, c’est protéger la musique elle-même.
Merci à Clémence pour son engagement et pour ce précieux témoignage.
Et merci à vous de relayer cette information : chaque signature compte, chaque partage aussi.
A très vite,
Jeanne
Téléchargez gratuitement votre guide du violoncelliste débutant

Toutes les informations dont vous avez besoin pour bien commencer le violoncelle : Matériel, bases théoriques, posture, conseils pratiques
En vous inscrivant pour recevoir votre guide, vous recevrez également des articles, vidéos, des informations sur mes livres et formations, des offres commerciales et d’autres conseils pour vous aider à vous améliorer au violoncelle. Votre email ne sera jamais revendu. Vous pouvez vous désabonner à tout instant. (Voir mentions légales)