ITW Liliane Léger-Valette : souvenirs d’une élève de Maurice Maréchal
ITW Liliane Léger-Valette : souvenirs d’une élève de Maurice Maréchal
Cette semaine, j’ai accueilli Liliane Léger-Valette sur ma chaîne YouTube.
Elle a généreusement accepté de partager avec nous son parcours musical, marqué par sa rencontre avec Maurice Maréchal, grande figure du violoncelle français.
À travers son récit, c’est tout un pan de l’histoire du violoncelle qui revit.
Une vocation née dans une loge d’opéra
C’est en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, que Liliane découvre le violoncelle à l’âge de 7 ans. Sa mère, mélomane passionnée d’opéra et d’opérette, les emmène chaque dimanche au théâtre de Reims.
Installées dans une loge juste au-dessus de la fosse, elles assistent aux représentations au plus près des musiciens.
Un jour, le violoncelliste de l’orchestre leur fait signe de descendre après le spectacle.
De fil en aiguille, la rencontre avec l’entourage de Georges Schwarz — violoncelliste réputé à l’Opéra de Paris — scelle le destin de la petite Liliane. Elle commence ses études de violoncelle au conservatoire de Reims.
Son premier professeur, Ambroise Petit, joue un rôle déterminant dans ses premières années d’apprentissage : musicien passionné et ancien élève amateur de Maurice Maréchal, il repère très tôt son potentiel et l’encourage à aller suivre des cours à Paris auprès du grand maître.
« J’ai commencé à 7 ans directement dans la classe de violoncelle, jusqu’à mon prix en 1951. »
🏆 Premiers succès et entrée au Conservatoire de Paris
En juin 1951, Liliane décroche son prix au conservatoire de Reims, lors d’un concours public impressionnant donné sur la scène du théâtre. Quelques mois plus tard, en octobre, elle réussit le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Elle n’a que 15 ans et devient la plus jeune élève de la classe.
Cette réussite est le fruit d’un long travail amorcé très tôt : dès l’âge de 12 ans, sur les conseils de son professeur, elle prend régulièrement le train de Reims pour suivre des leçons à Paris auprès de Maurice Maréchal qui deviendra son mentor pendant plusieurs années.
« J’ai travaillé avec lui tous les mois, de mes 12 ans jusqu’en 1951. »
🎼 La première leçon : la fameuse “gamme Maréchal”
Liliane se souvient très bien de sa première leçon :
Mais attention, pas n’importe quelle gamme : la gamme Maréchal.
« Une gamme très lente, à la corde, avec un vibrato travaillé et des sons filés sur quatre octaves. »
Cette exigence technique et sonore est la marque de fabrique de Maréchal.
Chaque élève travaille par cœur, chaque programme est complet et rigoureux.
Liliane joue également les six cahiers de Popper par cœur, ainsi que de nombreuses œuvres du grand répertoire.
🎶 Le son Maréchal : exigence et beauté
Ce qui marque particulièrement dans son récit, c’est à quel point Maurice Maréchal plaçait la recherche du son au cœur de son enseignement.
« Il fallait que ça soit beau. Toujours un son plein, vibrant, maîtrisé. »
L’interprétation de Bach suivait celle de Pablo Casals, modèle incontournable de l’époque : phrasés chantants, tempi mesurés, priorité donnée à la beauté et à l’émotion plus qu’à la virtuosité.
Les cours collectifs duraient souvent plusieurs heures. Tous les élèves restaient jusqu’à la fin, et Maréchal reprenait les passages qui n’étaient pas à la hauteur.
Malgré son exigence, Maurice Maréchal était profondément humain et jovial.
Il félicitait régulièrement Liliane par courrier après ses concours, avec des mots empreints d’affection et d’encouragement.
« Je recevais ses cartes dès le lendemain ! Il écrivait : “Je suis très fier de vous.” »
Il devait même la conduire à son mariage — un témoignage touchant de la relation privilégiée qu’ils entretenaient.
Liliane conserve de nombreuses photos de classe, des lettres et des souvenirs précieux de cette période unique.
Elle évoque notamment un concert historique au Théâtre des Champs-Élysées réunissant 80 violoncellistes autour de Pablo Casals.
Une vie d’enseignement et de transmission
Si Liliane n’a pas poursuivi une carrière de soliste ou d’interprète internationale, elle a construit une vie musicale riche, ancrée dans la transmission. Après ses études au Conservatoire de Paris, elle interrompt son parcours pour des raisons personnelles.
Elle s’installe avec son mari — lui-même violoniste et professeur — et enseigne pendant 23 ans au conservatoire de Rochefort, tout en jouant dans plusieurs orchestres régionaux. C’était une époque foisonnante où presque chaque ville disposait de son orchestre symphonique, et Liliane y participe activement.
« Voir les noms de mes anciens élèves dans les programmes de concert me fait toujours chaud au cœur. »
Parmi eux, plusieurs ont intégré de grandes formations, comme l’Orchestre de Paris, ce dont elle est particulièrement fière. Elle a ainsi contribué à transmettre l’exigence et la beauté de l’école française du violoncelle à de nouvelles générations.
À travers le récit de Liliane, c’est tout un héritage qui se déploie :
celui de l’école française du violoncelle, de la rigueur musicale, de l’amour du son et de la beauté du geste.
Son histoire nous relie à une époque où la transmission passait par la mémoire, l’oralité et des relations humaines profondes entre maîtres et élèves.
🙏 Un immense merci à Liliane Léger-Valette pour ce partage généreux et émouvant.
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Jeanne
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